Autant vous le dire tout de suite : si vous pensiez trouver ici une réponse formelle OUI ou NON, c'est raté !
Cette décision VOUS appartient. Et c'est tant mieux : dans un monde de plus en plus édulcoré, où l'on nous dit tout-le-temps ce que nous devons faire ou ne pas faire, il reste des espaces dans lesquels notre parti-pris, notre esprit critique et notre responsabilité ont encore mot à dire.
La Philosophie de CARPE DIEM, et ceux qui ont pu suivre nos stages peuvent en témoigner, fait grandement appel à VOTRE esprit critique.
Le parapente est, pour le moment un de ces espaces libres. Il le restera tant que les bêtises des uns n'auront pas de conséquences trop fâcheuses. Conséquences qui ne sont pas toujours faciles à appréhender...
S'il est indispensable de mesurer toutes les conséquences possibles, il en va de même de l'estimation de la probabilité que ces conséquences surviennent. Et puis, dernier paramètre à prendre en compte : quels sont les moyens à mettre en oeuvre pour réduire, voire annuler, ces conséquences et surtout qu'implique la mise en oeuvre de ces moyens. Bon OK, ça semble un peu complexe dit comme ça mais vous allez vite vous rendre compte que finalement, c'est très simple : vous le faites tous les jours sans vous en rendre compte pour tout un tas de choses.
Reprenons depuis le début.
Si je ne prends pas de secours, quelles peuvent être les conséquences?
En cas de problème majeur en vol, je n'ai pas plan B et je m'écrase. C'est assez radical et donc facilement imaginable. Très bien... Si on s'arrête à ce constat, alors on prend tous un secours.
Passons maintenant à la seconde phase de l'analyse : la probabilité d'avoir besoin d'un secours.
Quels sont les cas où l'on peut être amené à utiliser un secours?
1- Collision avec un autre aéronef.
Lorsqu'on fait un vol-rando, il est extrêmement rare d'évoluer dans une zone fortement occupée par d'autres aéronefs. Où alors on a raté sur le calendrier du club local la sortie annuelle... Donc dans 99% des sorties, ce risque est quasi nul. Je dis quasi car il suffit d'être 2 dans le ciel pour se rentrer dedans.
En revanche, si on vole sur un site très fréquenté, le risque peut sensiblement augmenter.
2- Rupture Matérielle
Si on prend soin de son matériel, qu'on le vérifie régulièrement, qu'on le fait contrôler et qu'on ne le prête pas à n'importe qui, il y a une très faible probabilité de rencontrer ce genre de souci. En revanche, si l'un des précédents critères n'est pas respecté, alors vous augmentez sérieusement le risque.
3- Incident de Vol irréversible
Pour en arriver là, c'est qu'on a raté un truc...
En effet, si le trio Niveau de Pilotage - Matériel utilisé - Aérologie
est cohérent, il n'y a aucune raison que cela se produise. Cela signifie que voler soit dans des conditions turbulentes, soit avec une aile qui me demande un pilotage que je ne suis pas toujours en mesure d'assumer, voire les 2, peut sensiblement augmenter la prise de risque !
Imaginons que nous partions pour un vol rando d'automne, avec une aile très safe telle qu'une UFO par exemple, et que l'aérologie est on ne peut plus calme, et que nous soyons en forme avec un niveau de pilotage bien supérieur à ce que requiert le contexte: le risque d'incident de vol irréversible est très très faible.
Entamons la dernière phase d'Analyse à propos des moyens à mettre en oeuvre :
Prendre un secours implique..... d'en avoir un ! Et en bon état d'usage, replié, fonctionnel. Et que l'on sache s'en servir. Cela implique aussi qu'on soit prêt, mentalement, à l'utiliser. Dit comme cela, on peut trouver ça logique. Sachez cependant que la moitié des personnes qui se sont décédées en parapente ces dernières années suite à un incident de vol n'ont pas utilisé leur secours. Certaines n'ont sans doute pas pu, mais une partie n'a même pas essayé. J'en profite donc pour vous encourager à faire cet exercice en SIV: tirez votre secours !
Ensuite il va falloir le porter. Si on vole sur site et que l'on a 100m à faire entre le parking et le décollage, la contrainte est quasi nulle : dans ce cas, on prend le secours et c'est d'ailleurs ce que quasiment tout le monde fait : on en revient à ce que vous faites tous les jours sans vous en rendre compte. En revanche, si on part pour un vol rando et qu'il va falloir porter un secours de 2,5 kg sur 1200m de dénivelé.... là c'est plus du tout la même histoire !
On peut donc maintenant faire la balance:
D'un côté, on évalue les risques que l'on prend. De l'autre on pèse les moyens que l'on peut mettre en oeuvre pour couvrir ces risques.
Si la balance penche franchement d'un côté ou de l'autre, il n'y a plus lieu de se poser des questions : le choix est vite fait.
Par exemple, si je vole sur site et que je possède un secours et que j'ai 50m à marcher, les moyens à mettre en ouvre ne pèsent plus rien. La balance penche indéniablement du côté "risque" donc je me couvre. En revanche si je dois porter un secours pendant longtemps pour un vol rando où je sais que je prends un risque infime, peut être que la balance penchera du côté des moyens à mettre en oeuvre face aux risques prix. Trop lourd à mettre en oeuvre, je décide de ne pas le prendre.
Si la balance est proche de l'équilibre, alors c'est à nous de la faire pencher...... du bon côté !
Et ce bon côté, c'est vous qui le choisissez.